* Du Nom au Fouta Toro * Par Oumar Ba « Le Fouta
* Du Nom au Fouta Toro *
Par Oumar Ba
« Le Fouta Toro, au carrefour des cultures »
« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis.
Nos morts ne sont pas morts »
(Birago Diop)
Tout comme les Kényan, « nous croyons au pouvoir des morts. De la tombe, ils contrôlent et guident notre existence, nos activités. De là, le souci de perpétuer leur souvenir jusque dans les noms. La vie, n’est-ce pas l’affrontement avec le destin ». On s’accapare même « pieusement », du titre des ancêtres. D’où l’explication de ces attributs « ronflants ». Et aussi cette multiple et déroutante homonymie, signe manifeste, à n’en pas douter, de gratitude.
Fourré voisin, rivière, butte sacrée, jours, semaine, invasions de criquets, éclipse de lune ou de soleil, jeûne, cérémonie, passage d’un administrateur, d’un gouverneur doré, conflits mondiaux, consultations électorales, mort d’un doctrinaire, retour d’exil, tentative de soulèvement, rien ne fera défaut à cette imposition de nom. Corrigeons : de prénom. Toute occasion prise au vol s’éternise, le parrainage aidant. Car même nos simples d’esprit par le jeu de l’homonymie vivent, assurément invisible. De là cette généalogie à toute prendre fastidieuse : « Diouldo fils de Mamoudou fils de Diouldo fils de Saada fils de Déva fils de Diouldo fils de Mamoudou fils de Hamat fils de Diouldo fils de M … ».
Chacun dans la chaîne conscient de sa dette sans conteste pense à son géniteur. Sans faille, indiscutablement.
- Double prénom et Rang
De fait, tout natif de ce Fouta Toro jouit au moins de deux noms (prénoms en vérité) ou indé (de indou en Pulaar, le sein) :
- Coranique (en fonction des jours de naissance)
- Imposé soit par ta famille pour la « perpétuation du souvenir d’un ancêtre, d’un ami ou d’un proche ». Simultanément ce nom peut désigner bien souvent le rang de naissance, à savoir :
Pour le garçon :
1) Hammadi,
2) Samba,
3) Demba,
4) Yéro,
5) Paté
Pour la fille :
1) Mali
2) Coumba
3) Peinda
4) Tacko
5) Dâdo
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Surnom
Faut-il le noter, tout prénom, coranique ou païen, possède son surnom mystique, à sens affectueux ou péjoratif. Soit :
Boubacar : Aboubakri Sidiki
Bokar
Abou
Bocaroye (Bokar chéri)
Bokarel (infime ou mignon)
Bokaral (grossier Bokar)
Ainsi le préfixe oye introduit l’affection ; el, la petitesse et al, la difformité.
-
Symbolisme
Le prénom est parfois descriptif (yava, leste), emprunté à la flore (bohel, l’insignifiant baobab), à la faune (bodiel, levraut), à la légende ou au mythe (Manna), à la topographie (Dieri-Mont) ou encore au caractère des habitants, Bosséadio (Rusé).