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Au coeur du Sénégal ... Le Fouta
22 juin 2011

- La voix qui s’en va - Ici, là d’où je viens et

 

Le_puits_du_village_de_Gawd__Bof_

 

 

- La voix qui s’en va -

 

 

 

Ici, là d’où je viens et là où je vis

La vie est un long récit qui d’habitude ne s’écrit pas

Je déroge à la règle et ma main emprunte un stylo pour habiller mes mots

Mes phrases décousues se couvrent d’un simple pan de tissu

Pour qu’elles puissent rester humbles, à moitié nue

Comme Adam et Eve après avoir mangé le fruit défendu

Mais ma bouche se fait porte-parole d’une ancienne tradition orale

Et ma voix rebelle s’installe sur les bords du fleuve Sénégal

Elle prend cette pirogue, fait ses bagages et s’éloigne petit à petit du rivage

En promettant qu’un jour peut-être elle reviendra visiter son poète

InchAllaH, je suis l’écho de la voix qui s’en va

Les paroles ne viennent pas de moi, je n’ suis qu’un simple messager

Le facteur anonyme qui chaque matin délivre le courrier

Sans savoir si ce qu’il met dans la boite va nous faire rire ou pleurer

 

 

Sunugal, Sunugal

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Sunugal

 

 

Au loin, j’aperçois des hommes attendre le lendemain

A l’ombre d’un arbre, le verre de thé à la main

Les langues se délient et l’on entend la voix grave des anciens

Certains disent : le lendemain, seul les Baobabs en seront les témoins

Et d’autres se demandent s’il viendra le soir ou bien au petit matin

Le débat s’installe et les plus jeunes prennent leur place

Chacun ajoute sa parole à la suivante, Ey mi okuma kongol

Même si celle-ci n’a que peu d’importance

Juste pour laisser une trace, déranger le repos du silence

Finalement, les langues fatiguées, le troisième thé achevé

Et la mosquée qui ne cesse d’appeler

Les paroles s’envolent comme un vulgaire bout de papier

Le petit monde reste sur sa faim mais une chose est sur

Que vienne le lendemain, qu’il change notre quotidien

C’est lui dont aujourd’hui nous avons besoin

 

 

Sunugal, Sunugal,

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Sunugal

 

 

Au loin, les rires des femmes contrastent avec la dure réalité

Le coq vient tout juste de chanter et c’est déjà l’heure de la corvée

Ici l’eau ne tombe pas des nuages comme dans tous les autres villages

Elle vient d’en bas, d’un puits dont personne ne connaît l’âge

Domaine réservé ou les hommes n’ont pas le droit de cité

Nous sommes fatigués mais il faut bien ramener l’eau dans notre foyer

Alors vêtu de leurs plus beaux habits, c’est un véritable défilé

Qui ferait rougir de jalousie les plus grands couturiers

Les pagnes noués autour des hanches

Et dans leur dos, le dernier-né danse bercé par l’élégance

Les sourires, les rires, et les larmes se côtoient avec dignité

Les rumeurs circulent comme les charrettes un jour de marché

Le monde prend un air efféminé, un peu moins bête et un peu plus coloré

Femme noire, Femme nue, tu recèles de mystères inconnus

Des énigmes que la science n’a toujours pas résolues

Femme noire, Femme nue

 

 

Sunugal, Sunugal

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Sunugal

 

 

Au loin, je vois des dos courbés et des fronts sur la poussière

Des voix plaintives qui s’élèvent dans le ciel et s’évaporent dans les airs

Mon soleil indique 5 heures, les paysans font leur prière

Seigneur quel temps fera t’il demain ? 

La pluie va t’elle tomber et nos larmes cesser de couler ?

Qu’elle inonde nos plantations, qu’elle fasse reverdir nos champs

Et pourvu que Dieu nous entende

Comme du temps du Prophète, séparer l’ivraie du bon grain

Juste un peu de pain, de quoi nourrir nos femmes et nos bambins

Qui se contente de peu ne manque de rien

Alors les paysans à l’ombre d’un arbre s’assoient calmement

Attendre le lendemain, un verre de thé à la main

 

 

Sunugal, Sunugal

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Sunugal

 

 

Puis au loin, j’aperçois marcher le lendemain

Les pas incertains tel l’aveugle qui parfois se trompe de chemin

La peur de ne pas être à la hauteur, c’est une question d’honneur

Mais il sait que c’est à lui maintenant de rentrer sur la scène

De distribuer l’espoir à ceux qui ont de la peine

De rendre hommage à la vieille sagesse Africaine

Le lendemain qui vient, et ma voix qui revient

Je t’avais promis qu’un jour peut-être je reviendrais visiter mon poète

Au loin, le lendemain qui vient

Au loin, ma voix qui revient

Un verre de thé à la main, un verre de thé à la main

 

 

Sunugal, Sunugal

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Je suis l’écho de la voix qui s’en va

Sunugal

 

 

 

Par Dawuda David Dupuy

 

 

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