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Au coeur du Sénégal ... Le Fouta
28 mai 2011

* Les buurnaabe (sing. buurnaajo) * L'origine

 

* Les buurnaabe (sing. buurnaajo) *

 

 

L'origine linguistique de cette caste serait nettement formulée dans l'infinitif buurnoyaade, qui traduit l'opération ultime à laquelle procède le potier-céramiste : il cuit au feu pour les durcir tous les objets et instruments façonnés à partir de l'argile (vases, canaris, gargoulettes, encensoirs, etc.).


Mais, par-delà l'origine, qu'elle soit linguistique ou de toute autre nature, il subsiste une véritable problématique en ce qui concerne les buurnaabe. Car, si la poterie-céramique définit et situe les buurnaabe dans la division du travail social, en revanche les membres masculins de la caste semblent avoir depuis fort longtemps abandonné aux femmes toute compétence sur ladite activité artisanale. Autrement dit, l'on s'explique malaisément que les buurnaabe de sexe masculin, non seulement ne soient pas potiers-céramistes, mais n'exercent aucune activité professionnelle assignable, cependant que la poterie-céramique semble s'être par ailleurs transformée en métier féminin. En outre, la poterie-céramique ne paraît pas être demeurée un attribut de caste, puisque ledit métier est également pratiqué par les femmes des forgerons-orfèvres (wayilbe) et des cordonniers-savetiers (sakkeebe), qui viennent donc s'ajouter aux femmes buurnaabe, voire se confondre avec elles dans l'exercice d'une activité sociale fort courante.


Il n'est donc pas certain que les buurnaabe constituent une véritable caste, tout au moins relativement à la spécialisation professionnelle, car du point de vue de la stratification sociale ils prennent effectivement place dans la catégorie des nyeenybe, en matière matrimoniale comme en fait d'infériorisation et de courtisanerie.

 

Les buurnaabe auraient-ils été gens anciennement libres, mais actuellement déclassés ? Le fait que leur habitat traditionnel soit pour ainsi dire confondu avec celui des sebbe kolyaabe le donne somme toute à penser. Certes, la primauté sociale des kolyaabe sur les buurnaabe est actuellement indubitable, mais l'affinité territoriale est également observable (Canyaaf, Sincu Garba, Ngijilon, Gababe, etc.). Et l'on peut relever d'autres indices moins péremptoires, tels la similitude de certains patronymes kolyaabe et buurnaabe, ainsi que la commune réputation sociale de turbulence, bouffonnerie et violence verbale des deux groupements.


Dans quelle mesure est-il alors possible d'écarter complètement l'hypothèse d'une unité de souche des kolyaabe et buurnaabe ? Selon cette hypothèse, les buurnaabe étaient jadis des esclaves, que les guerres auraient postérieurement promus à une catégorie sociale différente. Cette promotion s'opérait par l'intermédiaire du processus suivant : les esclaves d'antan étaient contraints de faire la guerre pour le compte des maîtres, tout en étant sûrs de recouvrer leur liberté en cas de victoire, les vaincus se substituant aux vainqueurs. Il n'est donc pas invraisemblable que les buurnaabe comme les kolyaabe soient d'anciens esclaves-soldats. Les seconds ont, toutefois, assumé leur promotion sociale, alors que les premiers ne semblent guère y être parvenus.

 

En vérité, les connaissances relatives aux buurnaabe sont plutôt limitées, et nulle légende ne vient au secours de la fixation des origines, pas même sous la forme de vagues orientations. Ce qui est certain c'est que les buurnaabe comptent au nombre des castes les plus réduites quant à l'effectif et à la dispersion géographique ; ils répondent généralement aux noms patronymiques de :

 

·                                 Baar, Booy

·                                 Gey

·                                 Jaak, Jaw

·                                 Kontay

·                                 Nyang

·                                 Sal, Sooy

·                                 Taay

·                                 Waad

ce dernier patronyme étant celui du clan dominant de la caste des potiers-céramistes.

 

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