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Au coeur du Sénégal ... Le Fouta
28 mai 2011

* Les lawbe (sing. labbo)* Un Labbo La caste des

 

 

* Les lawbe (sing. labbo)*

 

 

Labbo Hamady

Un Labbo

 

La caste des boisseliers tiendrait son nom d'une déformation du substantif lewbe, qui désigne les défricheurs, le travail de ceux-ci consistant précisément à abattre arbres et arbustes, en vue de gagner sur la forêt des terres de culture.

A l'origine, les lewbe (défricheurs) avaient pour unique visée la préparation des champs, se débarrassant en conséquence des arbres et arbustes abattus, qu'ils jetaient ou livraient au feu. Par la suite, les arbres et les arbustes se révélant utilisables pour la fabrication d'objets et instruments divers, ils furent donc recherchés pour eux-mêmes par les lewbe (défricheurs), qui acquirent de ce fait leur profession de lawbe (boisseliers) et abandonnèrent progressivement l'agriculture.

Quoi qu'il en soit de cette genèse, les lawbe actuels, c'est-à-dire les professionnels du travail du bois, sont répartis dans deux sous-castes, dont chacune possède sa propre spécialité.
Les lawbe laaDe (sing. labbo laana), comme leur nom l'indique, construisent les pirogues et leurs accessoires pour le compte des subalbe, professionnels de la pêche et du transport fluvial.

Néanmoins, il apparaît que les lawbe laade ne sont pas en totalité des constructeurs de pirogues, une fraction considérable de leur effectif s'étant de longtemps convertie dans l'exercice d'une autre activité. Ces dissidents choisirent d'accompagner les soldats en guerre pour les exhorter à la victoire, chantant les vertus du parfait combattant et flétrissant la peur ou le défaitisme. Les lawbe laade, définitivement convertis en chanteurs, portent le nom de lawbe gumbala ou lawbe kontimpaaji. Ils appartiennent donc tout naturellement aux laudateurs, et leur fonction sociale actuelle consiste dans l'évocation de ces épopées toucouleur où se seraient illustrés les guerriers sebbe d'antan. En tout état de cause, les manifestations publiques des lawbe gumbala ne laissent jamais indifférents les descendants présumés de ces guerriers légendaires.

 

Les lawbe laade, comme leurs dissidents chanteurs (lawbe gumbala), ont pour doyen ou chef politique un kalmbaan. Ce titre honorifique permet de faire la différence avec la seconde sous-caste de boisseliers (lawbe worworbe), qui n'en possède pas d'équivalent. Les lawbe worworbe (sing. labbo gorworo) répondent à l'appellation de maalaw, titre qui ne serait pas tant une distinction honorifique que la simple indication du genre de boisselier auquel l'on a affaire. Ainsi, maalaw est pur synonyme de sculpteur d'instruments domestiques et culinaires, tels mortiers (boBi), pilons (unuDe), calebasses (lehe), cuillères (kuunde), socles (tappirde), gourdins-battoirs (Boole), etc.

 

Il existe donc une certaine différence de degré entre lawbe laade (constructeurs de pirogues comme chanteurs) et lawbe worworde : les premiers se tiennent pour les supérieurs des seconds, tandis que ceux-ci ne contestent pas leur infériorité. Le fait est que si les lawbe laade prennent quelquefois leurs épouses parmi les lawbe worworbe, en revanche la réciproque n'existe guère. Et s'il arrive que les mêmes lawbe laade échangent sporadiquement des femmes avec d'autres nyeenybe, tels les sakkeebe, wayilbe, maabube, wambaabe et buurnaabe, les lawbe worworbe apparaissent au contraire franchement exclus de ces alliances inter-classes, voyant leur isolat plutôt borné au seul groupement qu'ils constituent.


En réalité, du point de vue matrimonial la caste globale des lawbe est communément réputée comme adepte de l'endogamie stricte. Cette réputation d'endogamie semble plus effective encore parmi les éléments de la caste des lawbe que l'on retrouve ci milieu wolof, où ils vivent depuis fort longtemps, mais sans y avoir pratiquement noué des alliances matrimoniales. C'est à cette endogamie que les lawbe du milieu wolof devraient peut-être d'avoir conservé un certain particularisme toucouleur, encore qu'ils pratiquent le bilinguisme pulaar-wolof. Il est également probable que cette même endogamie des lawbe soit à l'origine de la réputation d'expertise sexuelle des femmes appartenant à cette caste. A tort ou à raison, les non lawbe sont assez souvent persuadés que les relations sexuelles avec lesdites femmes sont bénéfiques. Peut-être, cette croyance procéderait-elle de la vigilante jalousie des hommes lawbe, si ce n'est de l'inaccessibilité distinctive de leurs femmes.

Quoi qu'il en soit, la femme de caste labbo apparaît comme le parangon social de la croupe plantureuse et des reins souples. Cette souplesse est à vrai dire déroutante pour le spectateur des danses féminines lawbe (arwatam), lesquelles sont généralement considérées comme scandaleuses parce que frisant l'obscénité...

La femme labbo est, d'autre part, spécialisée dans la fabrication et la vente des philtres, parfums et colifichets (gali) divers, tous également chargés de vertus érotiques, parce que susceptibles d'exacerber la virilité. Enfin, la femme de caste labbo possède un sens artistique certain, quotidiennement manifesté dans la décoration des calebasses (lehe nyenyaaDe) sculptées par son mari.

 

Qu'ils appartiennent à l'une ou l'autre des deux sous-castes constitutives, les lawbe ont en commun une passion exclusive pour les ânes (bamdi) dont ils possèdent des troupeaux entiers, servant au transport des pièces de bois à sculpter ou au déplacement des personnes. Les lawbe qui sont des âniers remarquables ne pouvaient jadis admettre de conclure une alliance matrimoniale si la dot n'en était représentée, pour moitié au minimum, en têtes d'ânes. Mais, comme la tendance générale actuelle va dans le sens d'une monétarisation des prestations matrimoniales, il est clair que la dot fournie par les lawbe accorde de moins en moins d'importance aux animaux, qui ne sont plus guère prisés.


Les lawbe des deux sous-castes ont une patronymie similaire :

 

 

·                                 Baa                  

                  Faam

·                                 Gajaaga, Galijo

·                                 Ja, Jallo, Jum

·                                 Kebbe

·                                 Sook, Soh

·                                 Taal, Tunkara

·                                 Wany, Wele

 

 

Il est néanmoins notoire que Soh, Gajaaga, Jum et Wany sont considérés comme plus authentiquement lawbe que les autres, lesquels sont supposés être de souche assez récente. En règle générale, les Faam ressortissent à cette catégorie des lawbe récents, et seraient dans une certaine mesure comme les inférieurs de la caste globale des boisseliers.
Toutefois, la tradition orale attribue aux lawbe des origines peul, en se fondant sur le patronyme Soh qui était celui du clan ancestral des boisseliers. En outre, une légende assez répandue rapporte que « les lawbe, les Fulbe (peul) et les wambaabe sont issus de trois frères germains :

 

 

o                                Hammadi Labbo

o                                Samba Pullo

o                                Demba Bambaado

 

Une période de sécheresse exceptionnelle ayant fortement décimé le troupeau commun, Hammadi et Demba, renonçant définitivement au métier aléatoire d'éleveur, prièrent le Créateur de leur accorder d'autres fonctions pour assurer leur subsistance quotidienne. Ils furent entendus, et leur voeu exaucé : le premier devint boisselier, tandis que Demba se muait en guitariste. A la suite de quoi, ils conclurent avec leur frère Samba demeuré éleveur un pacte, aux termes duquel sur simple demande et sans nécessité de compensation, ils obtiendraient le lait et la viande .. ».

 

 Lawbbe

Lawbe

 

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Commentaires
G
est ce vrai que les gajaaga étaient des soninkes avant d’être peul et lawbe ? Je pense que c'est plus évidant pour les kebbe.
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